Explorations

Future Paths of Phenomenology

1st OPHEN Summer Meeting

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165513

Les premières scènes de "Faust II"

Gert Mattenklott

pp. 35-46

Abstract

L’art tardif de Goethe n’est plus capable de discours – pour parler avec les mots de Foucault. Pour cette raison, l’auteur a relativisé le schéma traditionnel de l’action et de son personnage. Toutes les significations essentielles sont intégrées à la forme, complexe et riche en contradictions. Celle-ci – et non une idéologie qu’on pourrait citer — est l’expression d’une compréhension du monde à ambition cosmopolite. La représentation qu’a Goethe d’une totalité des phénomènes organisée selon la raison est rendue possible par la mobilité de son imagination qui apparaît comme un bond constamment répété dans l’opposition : l’intention de connaissance semble se retourner dans la direction opposée et tourner le dos à son objet. Cela exige de l’esprit l’aptitude à l’opposition, au bond, au déploiement de l’objet dans les images de ses états extrêmes. Ainsi la vie et la mort sont ici comme « greffées sur un même tronc » (Jean Paul). Non seulement la mort est sans arrêt le thème principal, mais cette nuit de l’oubli prend ici explicitement la forme d’une part de la vie qui délie, libère et engendre des forces, loin de cette angoisse de la vie que certains témoignages prêtent au vieux Goethe, mais aussi, il est vrai, loin de tout jugement de valeur moral. Le saut de cette renaissance, de cette nouvelle naissance de Faust fait partie d’un processus dans lequel l’éthique n’a aucun droit. Ce saut ne doit être compris, ni comme « manifestation de la grâce divine » qui lui serait accordée à la fin de la scène du ravin dans la montagne (Schöne), ni comme « effacement du moi » comme par un lavage de cerveau (Emrich). Le Faust II ne commence pas par un oubli, mais l’oubli propre à Faust. Celui-ci arrive à se dégager de ce que le lecteur et le spectateur gardent sous les yeux de leur regard stéréoscopique, tandis qu’ils suivent les paroles du protagoniste. Le dernier mot ne revient ni à une nouvelle piété, ni à un immoralisme esthétique et vitaliste, contre toute éthique, mais à un constat et à un bilan lucides et sceptiques.

Publication details

Published in:

(1999) Goethe cosmopolite. Revue germanique internationale - ancienne série 12.

Pages: 35-46

DOI: 10.4000/rgi.733

Full citation:

Mattenklott Gert (1999) „Les premières scènes de "Faust II"“. Revue germanique internationale - ancienne série 12, 35–46.