Nos sociétés démocratiques se caractérisent par la réduction de l'autre au même. Les valeurs de l'égalité et de la liberté exigent de voir en l'alter un alter ego. La question de l'éducation met toutefois en tension cette dynamique démocratique. En raison de son immaturité et de sa dépendance, l'enfant représente une altérité qui résiste à une réduction au semblable. De plus, l'éducation qui, antérieurement, était fondée sur la légitimité d'une autorité dont la finalité était de permettre à l'enfant d'accéder à la communauté des égaux en développant son autonomie, se heurte depuis trente ans à la volonté de voir dans la différence de l'enfant une ressource et une valeur à respecter. L'article met ainsi en évidence que la crise de l'éducation s'explique par la nécessité de penser la relation à l'enfance en donnant toutes ses chances à une idée de l'égalité irréductible à l'égalité des droits.